domingo, 5 de noviembre de 2017

Jean-Pierre Vernant

Jean-Pierre Vernant 



Jean-Pierre Vernant was a French historian and anthropologist, specialist in ancient Greece. Influenced by Claude Lévi-Strauss, Vernant developed a structuralist approach to Greek myth, tragedy, and society which would itself be influential among classical scholars. He was an honorary professor at the Collège de France.

Born in Provins, France, Vernant at first studied philosophy, receiving his agrégation in this field in 1937.

A member of the Young Communists (Jeunes Communistes), Vernant joined the French Resistance during World War II and was a member of Libération-sud (founded by Emmanuel d'Astier). He later commanded the French Interior Forces (FFI) in Haute-Garonne under the pseudonym of "Colonel Berthier." He was a Companion of the Liberation. After the war, he remained a member of the French Communist Party until 1969.

He entered the Centre national de la recherche scientifique (CNRS) in 1948 and, under the influence of Louis Gernet, turned to the study of ancient Greek anthropology. Ten years later, he became director of studies at the École des hautes études en sciences sociales (EHESS). In 1971 he was professor in the University of São Paulo. This visit was also an act of protest that he made with François Châtelet against the brazilian military government (dictatorship).
He was a member of the French sponsorship committee for the Decade for the Promotion of a Culture of Peace and Non-Violence for the Children of the World. He supported the funding organisation Non-Violence XXI.

He was awarded the CNRS gold medal in 1984. In 2002, he received an honorary doctorate at the University of Crete.
Vernant died a few days after his 93rd birthday in Sèvres.

QUOTES BY JEAN-PIERRE VERNANT



“Tragische Schuld verkörpert sich im permanenten Konflikt zwischen der uralten religiösen Vorstellung von der Missetat als einer Beschmutzung, die einer ganzen Rasse anhaftet und unausweichlich von einer Generation auf die nächste vererbt wird [...], und dem neuen vom Gesetz übernommenen Konzept, nach dem der Schuldige definiert wird als Privatperson, die sich aus eigenem Antrieb und unter keinem Zwang stehend entschlossen hat, ein Verbrechen zu begehen.” 

― Jean-Pierre Vernant, Myth and Tragedy in Ancient Greece
tags: guilt, law, religion, responsibility 2 likes Like
“A word's meaning depends not so much on its linguistic past but rather on the place the word occupies in relation to the general system of the language at the period in question.” 
― Jean-Pierre Vernant

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“..questa tensione fra il vagabondare, l'errare, l'essere sempre di passaggio in ogni luogo, continuamente in cammino, eternamente viaggiatore, e poi il fatto di desiderare una casa propria, in cui sentirsi al suo posto, finalmente stabile, dove essere qualcosa di più che accettato: scelto.” 

― Jean-Pierre Vernant, The Universe, the Gods, and Men

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https://monoskop.org/File:Vernant_Pierre_Jean_Myth_and_Society_in_Ancient_Greece_1996.pdf

https://monoskop.org/File:Vernant_Pierre_Jean_Los_or%C3%ADgenes_del_pensamiento_griego_1992.pdf

Publicado en Urbanoperu

Jean-Pierre Vernant, né le 4 janvier 1914 à Provins et décédé à Sèvres le 9 janvier 2007, est un historien et anthropologue français, spécialiste de la Grèce antique et plus spécialement des mythes grecs. Il a été professeur honoraire au Collège de France et l'un des héros de la Résistance. 



Sommaire 
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1 Biographie 
2 Distinctions 
2.1 Décorations, Prix 
2.2 Docteur honoris causa 
2.3 Autres distinctions 
3 Œuvres 
4 Lien externe 

Biographi
Né à Provins (Seine-et-Marne), il n'a jamais connu son père. Sa mère meurt alors qu'il n'a que 8 ans. 
Il entreprend des études de philosophie et est reçu premier à l'agrégation, dans cette discipline, en 1937. Adhérent aux Jeunesses communistes, il entre dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale : il rejoint le réseau Libération-Sud, fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Par la suite, il commande les Forces françaises de l'intérieur de Haute-Garonne sous le pseudonyme du « colonel Berthier ». Il est compagnon de la Libération. Après la guerre, il demeure au sein du Parti communiste français et le quitte en 1969. Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI. 

Influencé par Louis Gernet, il se tourne vers l'anthropologie de la Grèce antique quand il entre au CNRS, en 1948. Dix ans plus tard, il devient directeur d'études à l'EHESS. Spécialiste de la Grèce antique, il s'est souvent exprimé sur ce qu'il y a de commun mais aussi de différent entre les Grecs et l'Occident moderne, notamment en ce qui concerne la pratique de la démocratie. 
Jean-Pierre Vernant est mort le 9 janvier 2007 à son domicile de Sèvres (Hauts-de-Seine). 

Distinctions 
Décorations, Prix 
Médaille d'or du CNRS, 1984 
Premio di Storia, San Marino, 1991 
American Academy Award for Humanistic Studies, 1992 
Commandeur de la Légion d'honneur 
Compagnon de la Libération 
Croix de Guerre 
Grand Officier dans l'Ordre national du Mérite 
Commandeur de l'Ordre de l'Honneur de la République hellénique 
Officier des Arts et des Lettres 
Docteur honoris causa [modifier] 
Université de Chicago 
Université de Bristol 
Université de Brno 
Université de Naples 
Université d'Oxford 
Université de Crète (2002) 
Nouvelle Université Bulgare (2004) 
Autres distinctions [modifier] 
Membre associé de l'Académie royale de Belgique 
Foreign honorary Member de l’American Academy of Arts and Sciences 
Corresponding Fellow de la British Academy 
Honory Member de la Society for the Promotion of Hellenic Studies 
Membre de l'Academia Europaea 

Œuvres 



Publications choisies : 
Les origines de la pensée grecque, Paris, CNRS, collection « Mythes et religions », 1962. 
Mythe et pensée chez les Grecs. Etudes de psychologie historique, Paris, François Maspero, 1965. 
Direction : Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Paris-La Haye, Mouton, 1968. 
Avec Pierre Vidal-Naquet : Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, François Maspero, 1972. 
Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, François Maspero, 1974. 
Avec Marcel Détienne : Les ruses de l’intelligence. La métis des Grecs, Paris, Flammarion, 1974. 
Religion grecque, religions antiques, Paris, François Maspero, 1976. 
Religion, histoires, raisons, Paris, François Maspero, 1979. 

Avec Marcel Détienne : La cuisine de sacrifice en pays grec, Paris, Gallimard, 1979. 
La mort dans les yeux. Figures de l’autre en Grèce ancienne, Paris, Hachette, 1985. 
Avec Pierre Vidal-Naquet : Mythe et tragédie, II, Paris, La Découverte, 1986. 
Avec Pierre Vidal-Naquet : Travail et esclavage en Grèce ancienne, Bruxelles, Complexe, 1988. 
L’individu, la mort, l’amour. Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, Paris, Gallimard, 1989. 
Mythe et religion en Grèce ancienne, Paris, Le Seuil, 1990. 
Figures, idoles, masques, Paris, Julliard, 1990. 

En co-direction avec Gherardo Gnoli : La mort, les morts dans les sociétés anciennes, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1990. 
Avec Pierre Vidal-Naquet : La Grèce ancienne. Tome I : Du mythe à la raison, Paris, Le Seuil, 1990 ; Tome II : L’espace et le temps, Paris, Le Seuil, 1991 ; Tome III : Rites de passage et transgression, Paris, Le Seuil, 1992. 

Direction de : L’homme grec, Paris, Le Seuil, 1993. 
Avec Pierre Vidal-Naquet : Œdipe et ses mythes, Bruxelles, Complexe, 1994. 
Entre mythe et politique, Paris, Le Seuil, 1996. 
En codirection avec Stella Georgoudi : Les mythes grecs au figuré de l’antiquité au baroque, Paris, Gallimard, 1996. 

Avec Jean Bottéro et Clarisse Herrenschmidt : L’orient ancien et nous, Paris, Albin Michel, 1996. 
Avec Françoise Frontisi-Ducroux : Dans l’œil du miroir, Paris, Odile Jacob, 1997. 
L’univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines, Paris, Le Seuil, 1999. 
Ulysse et Persée, Paris, Bayard, collection « Parler de la Grèce avec les enfants », 2004. 
La traversée des frontières, Paris, Le Seuil, « La librairie du XXIe siècle », 2004. 
PANDORA, la première femme, reprise d'une conférence donnée à la bibliothèque nationale de FRance le 6 juin 2005. Editions Bayard (BNF) 
Lien externe [modifier] 
Biographies des Compagnons de la Libération 
Entretien avec la revue Vacarme, 1999 

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Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Vernant » 
Catégories: Historien français • Résistant français • Compagnon de la Libération • Historien des Annales • Universitaire français • Helléniste • Communiste français • Lauréat de la Médaille d'or du CNRS • Naissance en 1914 • Décès en 2007 

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3382,36-853661@51-853647,0.html 

Nécrologie 



Jean-Pierre Vernant, grand résistant et helléniste, est mort 
LE MONDE | 10.01.07 | 11h01 
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Jean-Pierre Vernant est mort mardi 9 janvier, à son domicile, à Sèvres (Hauts-de-Seine). Celui dont les travaux ont bouleversé le regard sur l'homme et le monde de la Grèce antique, du CNRS (1948) à l'Ecole pratique des hautes études (1958), puis au Collège de France (1975), venait d'avoir 93 ans. 
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Bibliographie sélective 
Chez Maspero : Mythe et pensée chez les Grecs (1965) ; Mythe et société en Grèce ancienne (1974) ; Religion grecque, religions antiques (1976) ; Religion, histoires, raisons (1979). 
Chez d'autres éditeurs : Les Origines de la pensée grecque (PUF, 1962) ; La Mort dans les yeux (Hachette, 1985) ; L'Individu, la mort, l'amour (Gallimard, 1989) ; Mythe et religion en Grèce ancienne (Seuil, 1990) ; L'Univers, les dieux, les hommes. Récits grecs des origines (Seuil, 1999). 
Les Mémoires : Entre mythe et politique (Seuil, 1996) et La Traversée des frontières (Seuil, 2004). 
Avec Pierre Vidal-Naquet : Mythe et tragédie en Grèce ancienne (tome 1 : éd. Maspero, 1972 ; tome 2 : La Découverte, 1986) ; Travail et esclavage en Grèce ancienne (Complexe, 1988). 
Avec Marcel Détienne : Les Ruses de l'intelligence (Flammarion, 1974) ; La Cuisine du sacrifice en pays grec (Gallimard, 1979). 

Sous la direction de Jean-Pierre Vernant : L'Homme grec (Seuil, 1993) ; Mythes grecs au figuré, de l'Antiquité au baroque (Gallimard, 1996). 
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Né à Provins (Seine-et-Marne) le 4 janvier 1914, Jean-Pierre Vernant reste orphelin à 8ans, après la mort de sa mère, puisqu'il n'a pas connu son père – ce qui lui fit dire qu'il ne savait pas trop ce qu'est le complexe d'Œdipe. Une boutade, puisque, même recomposée, la figure paternelle fut décisive. Engagé volontaire dans l'infanterie aux premières heures de la Grande Guerre, Jean est mort au front en 1915. Cet agrégé de philosophie, qui avait dû renoncer à la carrière universitaire pour reprendre l'entreprise de presse que son père avait fondée à Provins à la fin du XIXe siècle, sut défendre avec Le Briard les options éthiques d'une lignée d'intellectuels engagés dans le siècle, anticléricaux, voire antireligieux, et dreyfusards de la première heure. Un héritage que ses deux fils, Jacques et Jean-Pierre, reçus tous deux majors de l'agrégation de philosophie – un exploit inédit ! – n'eurent de cesse d'assumer. Quand l'aîné, Jacques, dénonce à l'été 1939 la signature du pacte germano-soviétique, Jean-Pierre, le cadet, rappelle que "le vrai courage, c'est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer. Etre le grain de sable que les plus lourds engins, écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser". Partager cette profession de foi suffit à vous faire adopter comme frère d'armes, puisque la résistance ne peut qu'être un combat, pour soi et les autres. 

"SE FAIRE GREC AU-DEDANS DE SOI" 



D'entrée, la vie de Jean-Pierre Vernant semble placée sous le signe de la fraternité. Son frère d'abord et les cousins et cousines font de l'enfance à Provins un univers de joyeuse bande s'égaillant dans le jardin familial; les études à Paris, au lycée Carnot, puis l'hypokhâgne à Louis-le-Grand n'y changent rien, sinon que le cercle des"frères" s'élargit aux militants antifascistes qui font avec lui dès février 1934 le coup de poing au Quartier latin contre les tenants de l'Action française, comme aux activistes et sympathisants communistes, dont il partage le violent rejet du nationalisme. 

Si son frère reste sur les marges, "Jipé" s'engage – il n'acceptera toutefois jamais aucune responsabilité au sein du parti, même s'il conserve sa carte jusqu'en 1970, exerçant de l'intérieur la critique du dogmatisme qui ruine la généreuse philosophie de l'idéal communiste, au point qu'il se"réfugie" dès 1948 sur les terres de la Grèce ancienne. Pour mieux conserver cet espace de liberté et cette marge de manœuvre intellectuelle refusés au sein du PCF aux penseurs du contemporain. Un retrait moins paradoxal qu'il n'y paraît, puisque c'est en essayant "de se faire grec au-dedans de soi", dans ses façons de penser et ses formes de sensibilité, qu'il a retenu les leçons dont il s'est fait l'infatigable passeur : l'exigence d'une totale liberté d'esprit, dont le crible critique ne reconnaît ni dogme ni interdit, le credo en une participation de l'individu à une communauté d'égaux qui fait autant l'homme que le citoyen, la fascination pour la beauté du monde, qu'il convient de recevoir avec cette gratitude qui arme les champions. 

Pour ces joutes, amorcées dès la vingtième année, il faut une hygiène d'athlète. Le jeune homme, qui fut, adolescent, sociétaire du Racing, foulant la cendrée des stades et avalant les longueurs de piscine, quand il n'affrontait pas l'océan à Saint-Jean-de-Luz, part à la découverte des reliefs, à pied et en bande. Toujours ce compagnonnage qui définit une famille d'esprit, la seule qui vaille. Culottes courtes et sac à dos, il parcourt les Alpes – ce grand randonneur devait du reste, sitôt après l'agrégation, en 1937, être affecté lors de son service militaire au 6erégiment des chasseurs alpins–, d'autres horizons plus lointains aussi, de la Corse à la Grèce, qu'il découvre à l'été 1935, en pleine dictature de Metaxas. Dans la volonté de rencontrer les Hellènes, le contexte politique lui importe davantage que la confrontation physique au berceau de la culture occidentale; pas de révérant retour aux sources donc, même s'il finit par gravir l'Acropole. De fait, c'est en anthropologue qu'il arpente ces terres pour lui nouvelles, au nom d'une universelle fraternité humaine dont il mesure alors la force, et dont le souvenir l'éblouit encore. 

Fraternité reste le maître mot avec l'épreuve de la guerre. Démobilisés à Narbonne à l'été 1940, les frères Vernant, en marge d'un activisme qui commence par la distribution de tracts qu'ils impriment eux-mêmes, retrouvent leur vocation première : l'enseignement. L'aîné est affecté à Clermont, le plus jeune à Toulouse. C'est là que Jean-Pierre rencontre réellement Ignace Meyerson, inventeur de la psychologie historique, dont il a suivi les cours en Sorbonne avant guerre et qu'une amie de sa femme Lida lui a adressé à Narbonne. Il devient dès lors son disciple. Comme lui, il entre dans l'Armée secrète et, au sein du mouvement Libération Sud, travaille à la libération du territoire. 

Plus tard, les mêmes soutiens l'entraînent à d'autres équipées – intellectuelles celles-là : grâce à Jean Bottéro et Elena Cassin, Jacques Gernet, Luc Brisson et Jean Yoyotte, la Mésopotamie, la Chine, Rome et l'Egypte rencontrent la Grèce. Au nom de l'amitié et d'une préoccupation commune : le comparatisme. 

AVANCÉES "SUR LA FRONTIÈRE" 



Dès le début des années 1960, le groupe d'amis se réunit une ou deux fois par mois, dans une salle du Musée Guimet. On y débat de grands problèmes : le pouvoir, la guerre, Dieu, et chacun présente succinctement la physionomie de la question dans son espace d'études. Séances de travaux pratiques d'un comparatisme dont ils inventent les règles. Deux ou trois ans de cette pratique et chacun se convainc qu'il serait bon d'institutionnaliser l'aventure. Le Centre, que Vidal-Naquet devait placer sous la figure tutélaire de Louis Gernet, père de l'anthropologie historique, naît en 1964. 

Premières enquêtes : Terre et occupation du sol, divination et rationalité, la mort et les morts… Le monde officiel des hellénistes est distant, voire haineux devant ces avancées "sur la frontière", mais rien ne peut enrayer le mouvement, d'autant que d'autres, ailleurs (Jean Bollack à Lille, Pierre Lévêque à Besançon), travaillent dans le même sens. 

Et l'élève de Meyerson peut mesurer, malgré l'hostilité des sorbonnards, la fécondité et la divulgation à l'étranger des pistes amorcées par la bande. Le courant a bientôt son adresse éditoriale. Grâce à l'engagement de François Maspero, qui publie en 1965 Mythe et pensée chez les Grecs, dans la collection de Vidal-Naquet "Textes à l'appui". Certes, c'est le philologue Georges Dumézil qui commande d'abord à Vernant un court essai pour la collection des PUF "Mythes et religions" : ce sera Les Origines de la pensée grecque (1962) – "Un livre 'contre' puisque cette machine de guerre était autant dirigée contre le PC que contre les tenants du 'miracle grec'". Mais c'est la disparition de Gernet, la même année, qui sert de déclic. Le recueil des articles du maître attendu par Les Belles Lettres n'intéresse plus l'éditeur et serait resté dans les cartons sans la générosité et l'intelligence de Maspero. Désormais, les élèves de Vernant savent où prendre leur envol : Nicole Loraux, Alain et Annie Schnapp, François Hartog, François Lissarrague, Françoise Frontisi-Ducroux, Pauline Schmitt-Pantel, Hélène Monsacré… 

En marge de cette aventure collective, Vernant, dont la renommée internationale s'impose bien avant la distinction suprême – la médaille d'or du CNRS en 1984 –, fut aussi un défenseur acharné du grec. Toujours mobilisé par la défense des langues anciennes, dont il s'alarmait de la mort programmée par les options scolaires, le philosophe y voit plus qu'un enjeu d'érudition, le problème de la dette envers les origines. "Notre monde n'est compréhensible que si on cherche comment ça a été fabriqué." Relayée par les mondes romain et arabe, la civilisation grecque participe d'un creuset méditerranéen, matrice humaine, où Vernant tente de "comprendre ce qui aujourd'hui est précieux". Ce qui mérite d'être passé au fil des générations. Comme le témoin d'un relais entre égaux. C'est cette mission que Jean-Pierre Vernant s'est choisie, et qu'il a impeccablement remplie, avec l'ardeur d'un esprit libre en résistance. 

Philippe-Jean Catinchi 


GAMMA/MARC GANTIER 
Jean-Pierre Vernant, grand résistant et helléniste, à Paris en novembre 2004. 

http://www.telerama.fr/livres/B070110001609.html 

Portrait 




Patrick Swirc pour Télérama 
Disparition de Jean-Pierre Vernant 
Spécialiste de la Grèce antique, le philosophe Jean-Pierre Vernant était un savant qui savait se faire conteur. Il est décédé à l'âge de 93 ans, mardi 9 janvier, à son domicile de Sèvres (92). Nous l'avions rencontré en juillet 2004, et republions ici le portrait que nous lui avions consacré. 

Notre journaliste Daniel Conrod réagit à la disparition de Jean-Pierre Vernant. Cliquez pour écouter 
« En entrant dans la salle où avait lieu le cours, j'ai vu aussitôt un bonhomme boiter latéralement sur l'estrade. Je ne l'avais jamais vu. C'était lui, Jean-Pierre Vernant. Il parlait d'Œdipe ! » Œdipe, l'homme à la cheville trouée, le petit-fils de Labdacos le boiteux, le fils de Laïos le gauche, le père d'Antigone, d'Etéocle, de Polynice... Œdipe, figure majeure de la lignée admirable et maudite des Labdacides, l'impossible fils, le père improbable, le déchiffreur d'énigmes, « le métèque », le protecteur d'Athènes, celui dont l'histoire aura toujours boité. L'historien Maurice Olender, auteur des Langues du Paradis, fondateur au Seuil de La Librairie du XXe siècle, et devenu éditeur et complice de Jean-Pierre Vernant, poursuit : « La scène se passe à l'Ecole pratique des hautes études, section des sciences religieuses, au début des années 70. J'avais 24 ou 25 ans. Je travaillais, pour ma part, sur le corps des dieux grecs et leur sexualité.

Pour moi, cette vision de Vernant en boiteux caractérise à elle seule toute sa science, la non-séparation de l'esprit et du corps, une science du sensible. Cela veut dire que, pour analyser et raconter un mythe grec, lui qui est philosophe, pour faire comprendre une analyse structuraliste du mythe d'Œdipe en réalité très sophistiquée, Vernant se met à boiter réellement sur son estrade, il met son corps en scène pour nous transmettre quelque chose de son savoir. Telle fut ma première rencontre avec lui ! » Ainsi donc, pour être comprise, l'intelligence de Vernant, le philosophe devenu helléniste, mythographe ou encore historien de la religion grecque, se fait boiteuse. Et si elle boite, ce n'est pas parce qu'elle ne sait pas où elle va. C'est parce qu'elle n'avance qu'en rassemblant, dans le même effort, toutes les ressources du corps et de l'esprit. Parce qu'elle atteint ses buts en sinuant. Elle est comparable en cela à la mètis des Grecs anciens, cette forme d'intelligence oblique que Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne ont dévoilée en 1978 dans un livre prodigieux, Les Ruses de l'intelligence, la mètis des Grecs. C'est par exemple l'intelligence d'Ulysse, celui qui va de mille façons vers la lumière d'Ithaque, le protégé d'Athéna. 

Le samedi 25 avril 2004, le soleil triomphe sur la ville de Toulouse. Un peu avant 16 heures, c'est l'affluence des grands jours dans la salle du Théâtre national. Au lendemain de la création d'une nouvelle Antigone, de Sophocle, mise en scène par Jacques Nichet, Jean-Pierre Vernant est invité à faire une conférence sur Antigone et le tragique grec. Dans cette ville qu'il connaît bien pour y avoir enseigné la philosophie et dirigé les opérations militaires secrètes de la Résistance, il est arrivé fatigué par le poids d'une année de travail, harassé par les multiples engagements qu'il ne sait pas refuser. Il a le dos voûté. Il a 90 ans. Après qu'il est monté sur le plateau du théâtre, l'homme se métamorphose peu à peu. Il commence : « Du sang a été répandu, c'est le départ de la tragédie d'Antigone. La souillure ne doit pas rester vivante... » 

Avant qu'elle n'enfle, qu'elle ne chante et s'envole par-dessus les têtes, la voix du bonhomme est d'abord douce et flûtée, comme si elle cherchait modestement son chemin, quittait prudemment le port. Il est assis devant une table, sur le plateau d'un théâtre, face à huit cents personnes qui le dévorent du regard. Il a griffonné quelques notes. Cette pensée grecque, il s'y est jeté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il en a fait le coeur de sa vie. Il en a dégagé les reliefs les plus acérés, les plus contradictoires, les plus inattendus, les plus obscurs. Il y progresse maintenant comme à l'intérieur d'un labyrinthe, avec l'habileté d'un navigateur, l'oeil d'un chasseur, le coup de main d'un chirurgien. Sans jamais lâcher son fil, Vernant alterne la science du savant à la fable du conteur. Plus personne, se dit-on, n'apprendra à parler comme lui, ni à pratiquer l'enseignement comme un art de la lumière, un acte de la transparence, un fait démocratique. Mais d'où cela vient-il ? Indifféremment du siècle des Lumières, de la IIIe République, de ses deux maîtres - le fondateur de la psychologie historique Ignace Meyerson, et l'helléniste et sociologue Louis Gernet -, de son éducation, de ses multiples compagnonnages, du travail, de l'engagement politique, de la Résistance, dont il fut un héros. Ou encore de cette pensée qui semble ne pas l'avoir quitté un seul instant : le travail de l'esprit conduit au bonheur. C'est là peut-être le plus vif de cet homme. La lumière qui jaillit de son oeil. 

Mais que dit-il, une heure durant, à son auditoire toulousain ? Trois choses essentielles. La première : que le sens de nos actes apparaît dans leurs effets ultimes. La deuxième : que l'homme n'est pas un modèle, mais un problème. La troisième : que ce qui est terrible doit devenir intelligible. C'est, à ses yeux, le coeur même de la tragédie grecque. « Le drame d'Antigone et de Créon, c'est de confondre la vie et la mort... Pourquoi détruisait-on l'image et le corps d'un ennemi après qu'il a été tué ? Non seulement pour enterrer la vie, mais aussi l'honneur. L'outrage fait au cadavre visait à le déshumaniser, afin que le héros ne risque pas de réapparaître en gloire après sa mort... » Et lorsque Vernant désigne la Mort, comme s'il la regardait en face de lui, comme s'il la dénonçait, il tonne. On tremble. Désignant du doigt le Ciel et la Terre, « Est-ce qu'il n'y a pas un monde des morts qui a ses propres lois, qui ne sont ni celles des dieux ni celles des vivants ? ». 

Vernant poursuit : « L'homme se débrouille. L'intelligence est une chose. Le savoir de la vie en est une autre. » Les mains tantôt nouées sur son ventre, tantôt suspendues au revers de son veston, parfois même dans les poches de son pantalon, il est toujours en mouvement, essuie les verres de ses lunettes, vagabonde quelquefois et puis reprend son éloquente navigation. Qui a dit que le travail intellectuel n'était pas un travail manuel ? « La mort est comme un océan qui vous borne. La vie ne vaut d'être vécue que s'il y a eu en elle quelque chose qui la dépasse... » Ce quelque chose qui la dépasse, Vernant l'a beaucoup écrit et répété par ailleurs, ce sont à la fois un grand amour, une grande tâche et un grand espoir. 

Avant qu'il ne descende du plateau, les questions fusent. Quelqu'un, dans le public, cherche à le faire parler avantageusement de lui, comme s'il voulait à la fois établir une relation personnelle et ériger Vernant en maître de la connaissance. Dans l'instant, Vernant coupe net l'importun. Ce n'est plus son histoire. Trois choses peuvent l'agacer : la psychologie, le bavardage, le narcissisme. Une chose, le révolter : l'inégalité. Dans tous les cas, l'intervenant faisait fausse route. Le peu qu'il estime avoir à dire sur lui, Vernant l'a écrit, singulièrement dans son livre le plus personnel, Entre mythe et politique. Encore ne l'a-t-il écrit que dans la seule mesure où cela permet de comprendre son itinéraire intellectuel et politique. Après quoi, il revient à chacun d'engager son propre travail. C'est toujours comme cela que les choses se passent avec celui que ses proches ont toujours appelé « Jipé » et qui aime cette sorte de franche fraternité avec les autres, la « philia ». Rien ne lui convient mieux que l'esprit de bande, l'égalité. Une de ses anciennes élèves le dit à sa manière : «&nbsp;Il n'enseigne pas. 

Il donne. Ou alors enseigner revient chez lui à donner. » Un autre ajoute : « Il est le contraire absolu du mandarin ! » D'ailleurs, en leur temps, les gens de la Sorbonne et autres spécialistes des études grecques et latines ne s'y trompaient guère qui voyaient en lui pis qu'un rival, un fauteur de désordre. 
« Personne n'est sur aucune question le "savant" », écrit Vernant en 2002, dans un article au titre anodin, « Souvenirs de collégien ». Ce texte est un hommage à l'indianiste Charles Malamoud, un de ces multiples actes de reconnaissance que Vernant ne cesse d'adresser à ceux qu'il nomme ses maîtres, comme à ceux de ses égaux dont il considère le travail avec respect. Une grande part de sa liberté d'homme et de savant tient à cette capacité singulière qu'il a toujours eu de désigner ses dettes intellectuelles comme d'honorer ses semblables. En écrivant ce texte, sait-il ou ne sait-il pas qu'il est en train de brosser son propre portrait d'intellectuel ? Probablement s'en moque-t-il. Voilà en tout cas ce qu'il écrit de Charles Malamoud : « ... C'est lui qui me faisait comprendre les choses grecques par ce qu'il disait des choses indiennes... Il y a toujours chez lui la conscience que les sociétés humaines sont des touts depuis les besoins matériels jusqu'aux idéaux de l'esprit... Il s'était frotté au marxisme sans s'y noyer... » Vernant poursuit : « Quand il fait un exposé, c'est comme si on assistait en direct à un accouchement... Sous nos yeux s'opère le travail de l'esprit... la langue donnant forme au dur effort de la réflexion... il nous fait voir les arrière-plans qui donnent au texte son épaisseur et qui établissent un tissu de relations entre des choses qui nous paraissent étrangères les unes aux autres... Je n'ai pas connu de gens qui m'aient donné ce même sentiment de gravité, de risque, de bonheur... » Avant de conclure : « De celui qui enseigne et de celui qui apprend, difficile de décider qui des deux donne et reçoit davantage. » 

Après quoi, normalement, il ne devrait plus rien y avoir d'autre à savoir de Jean-Pierre Vernant. Ni qu'il fut très tôt orphelin de père et de mère, ni qu'il est compagnon de la Libération et commandeur de la Légion d'honneur, ni qu'il a choisi la Grèce antique notamment pour que le Parti communiste dont il était membre ne s'occupe pas de son travail intellectuel, ni qu'il a enseigné, de 1958 à 1975, à l'Ecole pratique des hautes études, ni qu'il a été élu en 1975 titulaire de la chaire d'étude comparée des religions antiques au Collège de France, ni qu'il est l'auteur d'un best-seller, L'Univers, les dieux, les hommes, ni que la simplicité de sa langue fait de lui un remarquable prosateur français, ni qu'il continue de travailler d'arrache-pied, ni que, parfois, la lassitude le gagne, ni qu'il aime à raccompagner son hôte jusque sur le trottoir... 

Rien ? Si ! Certainement faudrait-il dire qu'il a créé en 1965 le Centre de recherches comparées sur les sociétés anciennes. Encore un tissage d'amitiés que ce centre, devenu le Centre Louis-Gernet, où allaient se croiser les spécialistes de la Grèce, de Rome, de la Chine, de l'Egypte, de Babylone, de l'Afrique... « Cette idée qu'il faut regarder ce qui se passe ailleurs pour comprendre ce qui se passe ici, elle nous vient de Louis Gernet. Il faut sortir de la Grèce pour la comprendre. Le sacrifice grec, par exemple, ne s'appréhende bien que par comparaison avec le sacrifice védique. Il n'y a pas la civilisation... » Mais des civilisations qui se posent des questions semblables, la guerre, la souveraineté, l'amour, la nourriture, la paix... Et ces questions, les hommes ne sont pas condamnés à n'y rien comprendre : « Toute société essaie de composer quelque chose de vivable tout en ayant à l'horizon le visage de la Méduse Gorgone. » C'est-à-dire la crudité de la mort. 

Titulaire de la chaire religions, institutions et société de la Rome antique au Collège de France, le professeur John Scheid va droit au but : « Plus que tout, Jipé nous montre et nous donne ce qu'il est en tant qu'homme, dans sa relation aux autres. » Jean- Pierre Vernant n'a jamais voulu devenir un maître ni une conscience. Il n'est donc ni l'un ni l'autre. Tous ceux qu'il a rencontrés, auxquels il s'est lié, ceux aussi avec lesquels il a écrit, ont fait leur chemin propre, les Pierre Vidal-Naquet, les Marcel Detienne, les Paul Veyne, les Nicole Loraux, les Françoise Frontisi-Ducroux, les Laurence Kahn, les François Hartog, les François Lissarague, et beaucoup d'autres. Tous, historiens, philologues, psychanalystes, philosophes, ils ont acquis leur propre autorité scientifique. 

Et lui, tel un vieux laboureur de l'Attique au bord de son champ, il regarde le travail accompli avec la fierté qui convient. C'est le début de l'après-midi, l'heure du café. Un rayon de soleil traverse le vaste salon de sa maison de Sèvres. Avant d'achever l'histoire de Prométhée, Vernant allume un petit cigare et conclut, comme ça, sans façons : « C'est vrai que j'ai pas mal grattouillé sur tout ça ! » 

Daniel Conrod 



A (RE)LIRE : 

De Jean-Pierre Vernant : 
L'Individu, la mort, l'amour, éd. Gallimard, Folio Histoire (1989) 
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Les Ruses de l'intelligence, la mètis des Grecs, avec Marcel Detienne, éd. Flammarion (1989) 
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Entre mythe et politique, éd. du Seuil (1996) 
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Mythe et tragédie en Grèce ancienne, avec Pierre Vidal-Naquet, éd. La Découverte (2001) 
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L'Univers, les dieux, les hommes, éd. du Seuil (2002) 
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La Mort dans les yeux, éd. Hachette Pluriel (2002) 
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La Traversée des frontières, éd. du Seuil (2004) 
Commander sur fnac.com 
Telerama.fr - 10 Janvier 2007 
http://www.telerama.fr/livres/M0701151238307.html 

Hommage 
Un helléniste dans la cité 
Jean-Pierre Vernant, qui vient de s’éteindre à 93 ans, restera un aède scientifique, transmettant la mémoire du monde grec, son imaginaire comme les structures de sa polis, explorant la poésie des textes et des images. L’histoire, il l’a étudiée et vécue, a tenté toujours de la comprendre et même de l’infléchir, tissant, entre le passé lointain et le présent qui était le sien, « un invisible réseau de correspondances ». Né en 1914, il grandit en garçon studieux, sportif et curieux. Quand il parcourt la Grèce, en 1935, il s’émerveille de l’hospitalité des gens et devine « la simple vie humaine sous la lumière du soleil » qui était celle des contemporains d’Achille. Antifasciste, il adhère au Parti communiste au seuil des années 30, et entre dans la Résistance, devenant chef du mouvement Libération dans le Sud-Ouest. Revenu à l’enseignement dès l’après-guerre – « une fête pour l’esprit », écrira son ami et collègue Pierre Vidal-Naquet –, cet agrégé de philosophie franchit encore les frontières des disciplines, quitte à froisser les tenants d’une histoire figée. En 1965, il publie Mythe et pensée chez les Grecs, osant la psychologie historique dans le domaine sacré de l’hellénisme. Le mythe, la mémoire, la religion, la raison, le mouvement d’une pensée : c’est en anthropologue que Jean-Pierre Vernant envisage un monde grec sur lequel il faut s’appuyer pour mieux comprendre ce qu’il advient des hommes et des sociétés dans lesquelles ils vivent. Agir en anthropologue implique, écrit-il, « que tout ce qui constitue l’humanité doit être pris en charge ». Tous ses livres témoignent de cette passion et de cet enthousiasme à comprendre ce qui façonne l’évolution intellectuelle. Le héros grec, grâce à sa renommée et à sa valeur, ne meurt jamais tout à fait. Jean-Pierre Vernant le savait, qui, comme les Grecs, a goûté « la douceur amère de la condition mortelle ». 
Gilles Heuré 

SUR LE NET
Consultez le dossier France Culture réalisé en hommage à Jean-Pierre Vernant
Esprit de résistance : écoutez Jean-Pierre Vernant qui s'entretient avec Giv Anquetil sur la-bas.org
Suivez une conférence de Jean-Pierre Vernant sur Canal U
Télérama n° 2975 - 20 Janvier 2007
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Percy Acuña Vigil
Urbano Perú


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