sábado, 26 de diciembre de 2015

Qué es de la filosofía francesa?

Comparto esta publicación de Le Nouvel Observateur del año 2014 por considerar que resume el panorama reciente de la producción filosofica  en Francia. Complementa esta referencia el texto de Badiou sobre la Filosofía francesa contemporanea.


Où en est la philosophie française ?
Par L' Obs

Publié le 25-05-2014 à 09h15Mis à jour le 07-07-2014 à 21h45

Sur quoi travaillent les successeurs de Foucault, Derrida, Levinas ou Ricoeur? Paul Audi consacre à ce sujet un numéro spécial de la revue "Cités". Entretien.

A quoi pensent les philosophes français ? (Sipa/photomontage D.C.)

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   À lire sur Internet:
   Le Nouvel Observateur Vous avez coordonné le dernier numéro spécial de la revue «Cités» qui est consacré à «La philosophie en France aujourd'hui», numéro qui fait suite à celui coordonné par Yves Charles Zarka et Juliette Grange sur la nouvelle génération des philosophes français. Qu'est-ce que la philosophie française en 2014 ?


Corine Pelluchon


Paul Audi 
La philosophie pratiquée en France et en français me semble avoir toujours été rétive à toute espèce d'identification, en tout cas à toute assignation à quelque méthode de pensée prédéfinie. Si Deleuze, Lyotard ou Derrida ont été rassemblés dans les universités américaines sous le label «French Theory», jamais ses protagonistes eux-mêmes ne se sont reconnus dans une telle étiquette. Chacun avait sa singularité à préserver et à défendre, signe d'une oeuvre créatrice qui refusait de s'en tenir au courant de pensée qu'elle avait elle-même contribué à instaurer.

Pour ma part, plutôt que de philosophie française, je préférerais parler d'un «philosopher à la française». Quelle en est la spécificité aujourd'hui? Difficile de le dire - d'où le tableau que nous brossons dans «Cités», qui est forcément partiel, mais non partial. Dans ce domaine, il n'existe d'ailleurs ni objectivité ni exhaustivité possibles. Notre ambition aura été de saisir une nouvelle génération de philosophes au moment où certains penseurs médiatiques font écran à ce qui se passe de réellement concret. Nous avons voulu retourner à la réalité et montrer comment certains font un travail patient, exigeant et novateur, qui mérite toute l'attention des lecteurs, parce qu'il permet de mieux comprendre notre temps.

Il en ressort que la philosophie en France continue de vouloir occuper les marges et de traverser les frontières : entre philosophie et littérature, sciences exactes et sciences humaines, pensée publique et pensée privée, institutions académiques et médias, philosophie du concept et philosophie du sujet, philosophie du langage et métaphysique... Les Français se placent spontanément à ces points de croisement parce qu'ils pensent qu'une discipline déjà normée s'enrichit d'abord de tout ce que le dehors lui apporte.

Pour prendre un exemple : quand Vincent Descombes traite de l'identité, il examine cette question majeure en utilisant les outils de la logique, de la grammaire, de la philosophie politique, de la littérature. Voilà une démarche typique du «philosopher à la française». A cet égard, il y a continuité par rapport aux générations passées.


Il semble que la philosophie vive toujours sous le régime de l'«après»: après Lacan, après Derrida, après Foucault, Deleuze, Levinas ou Ricoeur... Cette tutelle des anciens est-elle paralysante ou libératrice pour la nouvelle génération?

A lire ce que la jeune génération dit d'elle-même dans «Cités», on s'aperçoit que si la tutelle des grands aînés n'a pas vraiment pesé sur ses épaules, c'est parce qu'elle a ouvert un champ de recherches plutôt qu'elle n'a créé des disciples. Les réflexions dans lesquelles on s'engage aujourd'hui ne prétendent pas rejoindre des systèmes globaux, avec leurs articles de foi, leurs adeptes, etc. Elles visent plutôt à explorer un secteur délimité du réel, tout en se réservant le droit de comprendre le monde dans sa totalité.

La conséquence n'en est pas seulement une certaine «archipélisation» du paysage philosophique : en dehors des philosophes analytiques, on est peu enclin aux polémiques politiques ou doctrinales. Les jeunes philosophes ne cherchent pas à croiser le fer pour imposer leurs pensées. Ils ont pris acte que leur indépendance serait gage de leur créativité. Et c'est bien pour préserver celle-ci qu'ils se résolvent à une forme de solitude, à l'image de certains de leurs aînés: je pense notamment à Jean-Luc Nancy, Marcel Gauchet ou Jacques Rancière, qui ne supportent sans doute pas plus d'être assignés à tel ou tel courant de pensée.



Pierre Henry Tavoillot



Y a-t-il malgré tout des lignes de force fédératrices?

Il y a d'abord les démarches refondatrices rattachées à la création d'un concept à longue portée. Je pense ici à Yves Charles Zarka qui entend rattacher les nouveaux enjeux de la pensée au concept de «l'inappropriable», ou à Jean-Luc Marion, qui réinscrit le concept de «donation» au coeur de la phénoménologie.

Si d'autres lignes ont été dessinées par l'enseignement de grands professeurs, eux-mêmes philosophes, tels que Jacques Bouveresse ou Alain Badiou, on trouve, là aussi, des prises de position originales, tenant, par exemple, à la redéfinition des relations entre phénoménologie et pensée analytique, comme chez Jocelyn Benoist, ou à la connexion entre pensée analytique et métaphysique, ainsi que le montrent les travaux de Quentin Meillassoux ou de Tristan Garcia.

La philosophie morale et politique se renouvelle aussi hors de tout ancrage idéologique ; et si elle se repose les questions de la communauté et de la justice sociale, c'est en créant des passerelles vers des disciplines comme la sociologie, le droit ou les traités d'éthique médicale.

Corine Pelluchon, Marc Crépon, Bruno Karsenti, Frédéric Gros, Franz Fischbach, Pierre-Henri Tavoillot, Pierre Zaoui, Frédéric Worms: comparés à leurs prédécesseurs, tous ces jeunes philosophes s'attachent moins à l'analyse des rapports de pouvoir qui structurent le champ social qu'à l'étude des formes de vie ordinaire, de la fragilité sociale, des modes de solidarité envers autrui.


Quelle est la dynamique politique de la philosophie aujourd'hui?

Il me semble que la philosophie est marquée en France par la conviction que l'action politique de l'intellectuel n'a plus la même efficacité qu'hier. Elle ne nourrit pas le même fantasme d'intervention sur le cours des événements. Certes, si elle porte d'une certaine façon le deuil des grandes utopies émancipatrices, elle n'en continue pas moins de s'inscrire dans le droit-fil de cette tradition.

Le succès d'une revue comme «Cités», dont le public dépasse les milieux spécialisés, prouve que le rêve d'une influence de la pensée sur le cours des choses n'a pas complètement disparu. Néanmoins, il n'y a plus vraiment d'accointances avec des partis politiques ou des groupes militants, comme cela était le cas dans les années 1970 quand Foucault, par exemple, accompagnait le Groupe d'Information sur les Prisons (GIP).

...


Pierre Zaoui


On s'interroge bien sûr sur la ou les crises du capitalisme, on s'inquiète des effets de destruction de la « communauté » provoqués par le libéralisme, on analyse les raisons du terrorisme actuel. Mais toutes ces interrogations ne sont plus fédérées et il n'y a pas de grandes initiatives politiques collectives.

On assiste aujourd'hui au triomphe tardif mais réel d'Alain Badiou.
 
Badiou a formé de nombreux philosophes qui ont déjà produit des oeuvres fort stimulantes. Pour moi, le fait marquant, c'est la façon dont ces auteurs entreprennent de réinvestir le champ de l'ontologie. Depuis la guerre, sous l'emprise de la pensée de Heidegger avec son mot d'ordre de «dépasser la métaphysique», seuls les historiens de la philosophie se sentaient autorisés à s'y intéresser encore.

Or, en même temps que l'heideggérianisme connaît un très net reflux, voilà que l'interdit pesant sur la pensée spéculative est en train de sauter. Et une jeune génération s'est engouffrée dans la brèche ainsi ouverte, sous la forme d'un mouvement que d'aucuns appellent le «nouveau réalisme». Il y a là, me semble-t-il, une démarche plus féconde que ce
lle qui porte curieusement la philosophie analytique à se mêler de religion...


Marc Crepon

Au fond, qu'il n'y ait pas de courants dominants aujourd'hui, j'y vois une chance merveilleuse pour la philosophie, qui n'a plus à s'enfermer dans tel ou tel «-isme». Les carrefours démultiplient les labyrinthes, et c'est très bien comme ça. Les cartes sont rebattues et chacun invente ses propres règles du jeu. La philosophie est à nouveau libre de pouvoir s'étonner du réel sans avoir à s'inscrire dans des réponses déjà trouvées.

C'est un moment de grande liberté que la revue a décidé de célébrer comme tel. Une liberté qui s'affirme non sans une certaine modestie - car tout le monde se méfie des «maîtres à penser» -, mais au service d'une vraie ambition intellectuelle.

Propos recueillis par Eric Aeschimann et Gilles Anquetil

PAUL AUDI est philosophe. Il est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés pour la plupart au rapport de l'éthique et de l'esthétique. Il a notamment publié «l'Empire de la compassion» (Les Belles Lettres, coll. «Encre marine») et, chez Verdier, «Rousseau: une philosophie de l'âme», «l'Affaire Nietzsche», «Qui témoignera pour nous ?» et «le Démon de l'appartenance». Il a coordonné le n°56 de la revue «Cités»: «La philosophie en France aujourd'hui» qui paraît cette semaine aux PUF.

Entretien paru dans "le Nouvel Observateur" du 15 mai 2014.
Brancher sur le article

Panorama de la Filosofía francesa contemporanea: Alain Badiou

Traduit

La filosofía practicada en Francia y en francés parece que siempre ha sido reacia a cualquier tipo de identificación, por lo menos a una cesión a un método de pensamiento predefinido. Si Deleuze, Derrida o Lyotard se recogieron en las universidades americanas bajo la etiqueta de "Teoría francés," nunca los protagonistas mismos han reconocido dicha etiqueta. Cada uno tenía su singularidad para preservar y defender, un signo del trabajo creativo que se negó a adherirse a la corriente de pensamiento que él mismo había ayudado a crear.
Por mi parte, en lugar de la filosofía francesa, prefiero hablar de "filosofar de  los franceses." ¿Cuál es la especificidad de hoy? Es difícil de decir - de donde nos cepillamos nuestra mesa en "Cities", que es necesariamente parcial, pero no sesgada. En esta zona, también existe ni la objetividad ni posible la exhaustividad. Nuestra ambición ha sido capturar una nueva generación de filósofos cuando algunos pensadores son pantalla de los medios de comunicación que le sucede a muy concreto. Queríamos volver a la realidad y mostrar cómo algunos hacen un trabajo paciente, exigente e innovador, que merece la atención de los lectores, ya que ayuda a comprender mejor nuestro tiempo.
Esto demuestra que la filosofía en Francia todavía quiere ocupar los márgenes y las fronteras: entre la filosofía y la literatura, las ciencias y las humanidades, el pensamiento público y el pensamiento privado, académicos e instituciones de los medios de comunicación, la filosofía del concepto y la filosofía del sujeto, filosofía del lenguaje y la metafísica ... Los  franceses se colocan de forma espontánea en estos puntos de cruce, porque piensan que la disciplina se enriquece de todos los aportes que vienen de afuera.
Por poner un ejemplo: cuando Vicente Descombes se ocupa de identidad, examina esta importante cuestión utilizando las herramientas de la lógica, la gramática, la política, la filosofía, la literatura. Este es un enfoque típico de "filosofar de los franceses." En este sentido, existe una continuidad de las generaciones pasadas.

Parece que la filosofía siempre vive bajo el "después" después de Lacan, después de Derrida, siguiendo a Foucault, Deleuze, Levinas o Ricoeur ... ¿Esta tutela de los mayores  es paralizante o liberadora para la nueva generación?
Para leer lo que la generación joven dice de sí misma en "Cities", vemos que si la tutela de los grandes mayores realmente no pesaba sobre sus hombros, es porque se ha abierto un campo La investigación ha creado un lugar de seguidores. Las reflexiones en las que participamos hoy no pretenden unirse a los sistemas mundiales, con sus artículos de fe, sus seguidores, etc. Más bien, ellos tienen la intención de explorar un sector delimitado de la  realidad, aunque se reservan el derecho de comprender el mundo en su totalidad.
La consecuencia es no sólo una cierta "archipiélisacion" del paisaje filosófico: fuera de los filósofos analíticos, es reacio a las controversias políticas o doctrinales. Los filósofos jóvenes no buscan cruzar espadas para imponer sus ideas. Señalaron que la independencia sería testimonio de su creatividad. Y es para preservarlo que resuelven a una forma de soledad, como algunos de sus mayores: Estoy pensando en Jean-Luc Nancy, Marcel Gauchet o Jacques Rancière, que sin apoyo probablemente no más que ser asignado a una escuela particular de pensamiento.

Existen todavía líneas de fuerza de unificación?
Se dan los primeros pasos de  refundación relacionados con el establecimiento de un concepto de largo alcance. Estoy pensando en Yves Charles Zarka que tiene la intención de vincular los nuevos temas de pensamiento con el concepto de "inapropiable" o Jean-Luc Marion, que restableció el concepto de "donación" en el corazón de la fenomenología.
Si otras líneas fueron dibujadas por las enseñanzas de los grandes maestros mismos filósofos como Jacques Bouveresse o Alain Badiou, hay, de nuevo, las posiciones originales, tomando, por ejemplo, la redefinición de las relaciones entre la fenomenología y el pensamiento analítico, como con Jocelyn Benoist, o la conexión entre el pensamiento analítico y metafísico, como se muestra en la obra de Quentin Meillassoux o Tristán García.
La filosofía moral y política también se renueva más allá de cualquier anclaje ideológico; y si se basa en los problemas de la comunidad y la justicia social, es mediante la creación de pasarelas a disciplinas como la sociología, la ley o los tratados de ética médica.
Corine Pelluchon, Marc Crépon, Bruno Karsenti, Frédéric Gros, Franz Fischbach, Pierre-Henri Tavoillot Pierre Zaoui, Frédéric Worms en comparación con sus predecesores, estos jóvenes filósofos se aferran menos al análisis de las relaciones de poder que estructuran el ámbito social y el estudio de las formas de la vida ordinaria, la fragilidad social, las formas de solidaridad hacia los demás.

¿Cuál es la dinámica política de la filosofía hoy?
Me parece que la filosofía está marcada en Francia por la convicción de que la acción política intelectual ya no es la misma que la eficiencia de ayer. Ella no se nutre de la misma fantasía de intervención en el curso de los acontecimientos. Ciertamente, si lleva alguna manera es la defunción de las grandes utopías emancipatorias, no obstante, sigue inscrita en el hilo de la derecha de esta tradición.
El éxito de una revista como "Ciudades", que el público más allá de los círculos especializados, demuestra que el sueño de una influencia del pensamiento en el curso de los acontecimientos no ha desaparecido por completo. Sin embargo, no hay realmente conocidos con afinidad a partidos políticos o grupos militantes, como fue el caso en los años 1970, cuando Foucault, por ejemplo, que acompaña a las prisiones del Grupo de Información (GIP).
Hay preguntas sobre el curso o las crisis del capitalismo, existe la preocupación acerca de la "comunidad" de los efectos de destrucción causadas por el liberalismo, se analizan las razones del terrorismo actual. Pero todas estas preguntas no están federadas, y no responden a iniciativas políticas colectivas.

Hoy somos testigos del verdadero triunfo tardío de Alain Badiou.
Badiou ha entrenado a muchos filósofos que ya han producido un trabajo muy emocionante. Para mí, lo más destacado es la forma en que estos autores se comprometen a reinvertir el campo de la ontología. Desde la guerra, bajo la influencia del pensamiento de Heidegger con su lema de "superar la metafísica", sólo los historiadores de la filosofía se sintieron con derecho a interesarse de nuevo.
Pero al mismo tiempo que el heideggérianismo ha  experimentado un reflujo marcado, ahora la prohibición que pesaba sobre el pensamiento especulativo esta en proceso de saltar. Y la  joven generación se ha apresurado en la brecha abierta por lo tanto, como un movimiento que algunos llaman el "nuevo realismo". No, a mí me parece un enfoque más fructífero que curiosamente abre una puerta a la filosofía analítica a inmiscuirse en la religión ...
Básicamente, no hay corriente predominante hoy en día, veo una oportunidad maravillosa para la filosofía, que no tiene que ser encerrado en un "ismo" en particular. Los Hubs multiplican los laberintos, y eso es muy bien. Las cartas se barajan y cada uno inventa sus propias reglas. La filosofía es libre de nuevo para preguntarse lo real sin tener que registrarse en lo ya encontrado.
Es un momento de gran libertad y la revista decidió celebrarlo como tal. Una libertad que no dice sin cierta modestia - porque todo el mundo desconfía de "mentores" - pero al servicio de una verdadera ambición intelectual.

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