miércoles, 4 de febrero de 2015

El viaje filosófico de Paul Ricoeur

Le voyage philosophique de Paul Ricoeur

Par Frédéric Martel
In magazine littéraire n° 359
Novembre 1997

Dessin: Maja



Après avoir été longtemps exilé de la scène intellectuelle française, Paul Ricoeur est aujourd'hui redécouvert et remis à sa juste place. La biographie de François Dosse attente de son parcours exemplaire et de l'ampleur de son œuvre. (Paul Ricoeur, Les sens d'une vie, par François Dosse. Ed. La Découverte).
Il existe une énigme Ricoeur. Pourquoi l'œuvre d'un des philosophes français les plus commentés à travers le monde fut-elle tenue à l'écart des débats français dans les années 1960 et 1970 ? Comment Ricoeur fut-il exilé de la scène intellectuelle française, intervenant seulement à la marge ? Pourquoi son œuvre fait-elle l'objet, depuis la fin des années 1980, d'une redécouverte (amorcée par le numéro spécial de la Revue « Esprit » en juillet 1988, et la parution en poche en 1991 des trois volumes de « Temps et récit ») ?

Pour comprendre cette énigme et cette reconnaissance tardive : un essai substantiel d'Olivier Mongin (« PaulRicoeur », éd.Seuil) contribuait déjà à donner à son œuvre, en dépit des réaménagements conceptuels et des détours, sa cohérence ; un utile commentaire d'Olivier Abel (« Paul Ricoeur, La promesse et la règle », éd. Michalon) abordait sa philosophie politique et juridique ; aujourd'hui une biographie de François Dosse épaisse et ample de presque 800 pages, alors même qu'on annonce un deuxième travail biographique, mis en chantier par Charles E. Reagan aux Etats-Unis. Autant d'indices qui permettent d'apprécier la « présence contemporaine » de Ricoeur.

A près de 85 ans (il est né en 1913 à Valence), la vie de Paul Ricoeur offre l'illustration d'un parcours exemplaire dans les méandres du siècle, et son œuvre atteste de l'ampleur des champs parcourus et de sa fécondité.

Orphelin précoce après que son père eut été tué au front en 1915, Ricoeur conserva de cet épisode fondateur une obsédante interrogation sur la problématique du mal, de la faute et de la souffrance, ce qui contribua à le rendre, jeune adulte, socialiste (à la SFIO) et pacifiste. Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il passe la guerre dans différents oflags de Poméranie, jusqu'en 1945 : dans les camps, il lit Karl Jaspers, donne des leçons à ses codétenus et traduit un ouvrage de Husserl (philosophe allemand interdit, parce que juif), en une écriture minuscule dans les marges du livre, faute de papier, et en utilisant un unique crayon : exemple rare d'amitié pour la langue de l'ennemi, à travers celle de sa victime.

C'est après la Libération que Paul Ricoeur, qui contribue dans ces années à faire connaître en France, avec Emmanuel Levinas, Maurice Merleau-Ponty et Jean-Paul Sartre, la phénoménologie allemande, prend contact avec la revue « Esprit ». Il y animera le « groupe philosophie », y tiendra une rubrique régulière (intitulée « Aux frontières de la philosophie ») et s'installera, au milieu des années cinquante, aux « Murs blancs », la propriété qu'Emmanuel Mounier, le fondateur de cette revue, possède à Châtenay-Malabry.

Car Paul Ricoeur, à l'instar de Claude Lefort, est un « homme de revue ». Il publie de nombreux textes dans des périodiques souvent marqués par le protestantisme social (« Christianisme socia », « Terre nouvelle », « Réforme » ou encore « Temps nouveaux »). Il est aussi un « ogre de lecture », selon le mot d'Olivier Mongin : il lit et commente avec une endurance étonnante, Hannah Arendt, Eric Weil, Karl Jaspers, Jan Patocka (l'un des trois porte-parole de la Charte 77), mais aussi Claude Lévi-Strauss ou Mircea Eliade, les grands textes de la littérature ou encore le « Grand Code » biblique.

Cette multiplication des lectures ajoutée aux difficultés internes de l'œuvre ont pu rendre Ricoeur quelque peu vulnérable aux critiques (ceux qui en font plus un lecteur qu'un inventeur de concepts originaux, comme ceux qui voudraient limiter son œuvre à une théologie masquée, comme si le religieux était le ressort caché d'une pensée qui a pourtant pris soin de proclamer l'autonomie de la philosophie par rapport à la religion).

Si le Ricoeur des années 1950 est d'abord phénoménologue, celui des années 1960 s'investit dans les sciences humaines, et notamment dans la psychanalyse freudienne - ce qui suscitera nombre de malentendus avec les lacaniens et les althusseriens. Telle est l'une des explications de l'écho relativement limité de l'œuvre de Ricoeur en France, à une époque dominée par le sartrisme, le lacanisme ou le structuralisme. Dans les années 1970, les préoccupations philosophiques de Ricoeur sont de plus en plus anglo-saxonnes. En contribuant à la diffusion en France de la philosophie analytiques américaine, il apparaît bientôt comme un précurseur. Ainsi entretient-il dès cette période des « conversations » privilégiées avec des auteurs qui ne deviennent des classiques en France qu'aujourd'hui : en se confrontant à John Rawl (l'auteur du monumental « Théorie de la justice »), il noue un dialogue tendu à la fois d'attention extrême mais aussi de profonde réserve autour du thème de la justice sociale. En fréquentant Charles Taylor (le philosophe québécois-canadien multiculturaliste, auteur du célèbre « Sources of the Self ») il retrouve sa propre volonté de faire dialoguer les cultures entre elles. En s'appuyant sur Richard Walzer (et son fondamental « Sphères de la Justice »), il encourage une sortie du débat entre communautarisme et libéralisme, par le haut. Autant dire que ces « conversations triangulaires » sont d'une actualité brûlante.

En accompagnement de lectures plurielles et de réflexions philosophiques exigeantes, Ricoeur n'a jamais cédé sur l'impératif d'engagement politique. Et même s'il privilégie, non l'« engagement » sartrien, mais ce qu'il appelle la « déconnexion », une mise à distance de sa propre vie, procédé intrinsèquement philosophique, il n'aura jamais renoncé à intervenir dans l'espace public. Et c'est en cela, aussi, qu'il peut servir de modèle : avoir su garder ses distances avec les idéologies et les philosophies de la radicalité sans transiger sur l'existence politique et le sens de l'Etat ni cesser de défendre un « agir raisonnable ».

C'est ainsi que l'insurrection hongroise, puis la répression soviétique de 1956, événement à la « puissance indéfinie d'ébranlement » est à l'origine de son article capital sur « Le paradoxe politique » (Esprit, mai 1957). Impliqué dans les événements d'Algérie et s'élevant contre l'usage de la torture, il est placé en garde à vue à Sceaux. Sensible au malaise de l'université, il accepte d'enseigner à Nanterre en 1966, puis d'être nommé doyen en 1969. S'il a accueilli avec bienveillance le mouvement de mai qui lui a paru une opportunité pour réformer l'université, il quittera pourtant Nanterre un an plus tard, à la suite d'un épisode mesquin devenu célèbre (des étudiants maoïstes lui renversent une poubelle sur la tête ; en 1991, l'auteur de cet « incident », longtemps silencieux et pris de remords, est venu s'excuser), mais, plus fondamentalement, à cause d'un double mouvement qui oppose le cynisme d'un régime, qui vient d'autoriser les policiers à pénétrer dans l'enceinte de l'université, et la politisation extrême des enseignants dans ces « années de poudre » post-68.

Même s'il devait progressivement se méfier des sollicitations de la vie publique, Ricoeur restera actif sur bien des fronts : en abordant des thèmes cruciaux comme l'écologie ou les questions soulevées par la bioéthique, en s'impliquant dans les débuts de l'Institut des hautes études sur la Justice et nombre de revues protestantes. Il marchera encore en tête de l'une des premières manifestations contre la guerre en Bosnie le 21 novembre 1992 à Paris et, plus récemment encore, approuvera en novembre 1995 la philosophie générale du projet de réforme de la Sécurité sociale.

Car Paul Ricoeur a choisi de situer la question politique au cœur des paradoxes qu'il affronte. C'est alors qu'apparaît son apport substantiel sur le double plan de la philosophie politique et de la philosophie du droit. Il analyse en profondeur la double autonomie du politique : par rapport à la sphère éthique et par rapport à la sphère économique (et c'est bien pour cette raison, en refusant de voir que le politique ne se réduit pas à l'économique, que les marxistes se sont interdits de comprendre le totalitarisme). Ricoeur voit bien que le « problème central de la politique, c'est la liberté » - et c'est pourquoi, dans une approche très américaine, il voudrait réhabiliter le beau terme de « libéralisme politique », anormalement discrédité, selon lui, par sa proximité avec le libéralisme économique. Il retient de Hannah Arendt l'idée d'un « vouloir-vivre ensemble », seul capable d'arrêter le pouvoir sur la voie du totalitarisme et s'inscrit finalement dans une filiation moins optimiste que celle inaugurée par Rousseau : il s'agit non plus de désirer le bien que d'éviter le mal et le pire.

Si les années 1960 et 1970 ont éloigné Ricoeur des débats français, on comprend le regain d'intérêt pour son œuvre aujourd'hui, dans une période post-1989 marquée par le retour en force de la philosophie politique. Orientation qui s'insère parfaitement dans la structure ternaire de l'éthique de Ricoeur : estime de soi, sollicitude, institutions justes.

A cela s'ajoute bien sûr l'écho grandissant que suscite sa philosophie morale. Au contraire des pensées du soupçon, son œuvre permet en effet d'ouvrir la possibilité de réfléchir et d'agir par soi-même, ou pour le dire en termes ricoeuriens, en reprenant le titre magnifique d'un de ses principaux ouvrages, penser « Soi-même comme un autre ».

Au fond, telle est probablement l'une des clés de l'attrait profond de l'œuvre. Resté à l'écart des polémiques, le philosophe protestant a su fonder sa philosophie sur le respect d'autrui selon sa fameuse règle de la réciprocité : « N'exerce pas le pouvoir sur autrui de façon telle que tu le laisses sans pouvoir sur toi. » Après plusieurs décennies de guerres intellectuelles, idéologiquement violentes et tellement françaises, Ricoeur, dont la démarche toute de discrétion et d'humilité a toujours privilégié l'écoute, l'attention infinie à la dissymétrie possible dans le dialogue et pour lequel l'argument de l'adversaire est toujours respecté, montre une voie intellectuelle plus généreuse et peut-être plus apte à guider « l'homme faillible » à travers les malaises de la modernité.
In magazine littéraire n° 359 - Novembre 1997

[ Haut de page ]
 Copyright © 2000 Magazine littéraire. Tous droits réservés.
40, rue des Saints-Pères 75007 Paris - France
TEL : (33) 01 45 44 14 51 - FAX : (33) 01 45 48 86 36


Referencia a la publicación

Adjunto mi propia traducción, por la que presento mis disculpas. Considero que puede servir de apoyo a algunos lectores.

 Hay un enigma, Ricoeur.

¿Por qué la obra de uno de los filósofos franceses más comentados en todo el mundo se mantuvo al margen del debate francés en los años 1960 y 1970? ¿Cómo se aisló Ricoeur de la escena intelectual francesa, interviniendo sólo al margen? ¿Por qué su trabajo ha sido desde finales de 1980, un redescubrimiento (iniciado por el número especial de la revista "Espíritu" en julio de 1988, y la edición en libro de bolsillo en 1991 de los tres tomos de "El tiempo y la narrativa")?

Para entender este enigma, y este reconocimiento tardío: un ensayo sustancial de Olivier Mongin ("Paul Ricoeur" éd. Seuil) que ya contribuyó a dar a su trabajo, a pesar de los cambios y desvíos conceptuales, de coherencia;  un comentario útil de Olivier Abel ("Paul Ricoeur, Promesa y regla" Michalon ed.), que trató  su filosofía política y jurídica; una gruesa biografía de François Dosse de casi 800 páginas, incluso cuando anunciamos una segunda obra biográfica, que comienza con la de Charles E. Reagan en los Estados Unidos. De este modo muchos índices permiten evaluar la "presencia contemporánea" de Ricoeur.


Después de casi 85 años (nació en 1913 en Valencia), la vida de Paul Ricoeur proporciona una ilustración de un camino ejemplar en el laberinto del siglo, y su trabajo demuestra la magnitud del campo cubierto y su fertilidad.

Huérfano temprano después de que su padre murió en el frente en 1915, Ricoeur mantuvo desde este episodio fundante una pregunta inquietante sobre el problema del mal, el pecado y el sufrimiento, que lo ayudó a ser, un joven adulto, socialista (en SFIO) y pacifista. Movilizado en 1939, hecho prisionero, pasó la guerra en diferentes campos de Pomerania hasta 1945: en ellos lee a Karl Jaspers, dando lecciones a los demás reclusos y tradujo una obra de Husserl (filósofo alemán prohibido por ser judío), en una letra minúscula en los márgenes del libro, por falta de papel, y usando un solo lápiz: ejemplo poco común de la amistad para con el idioma del enemigo, a través del de su víctima.

Fue después de la Liberación de Paul Ricoeur, que contribuyo en esos años para dar a conocer en Francia, con Emmanuel Levinas, Maurice Merleau-Ponty y Jean-Paul Sartre, la fenomenología alemana, en contacto con la revista "Espíritu". Allí, participara con el "grupo de la filosofía", y tendrá una columna regular (titulada "Fronteras de la Filosofía") y se instalará a mediados de los años cincuenta, en la revista las "Muros blancos" propiedad de Emmanuel Mounier, en Chatenay-Malabry.

Pues Paul Ricoeur, para Claude Lefort, es una "hombre de opinión." Publicó numerosos textos en los periódicos a menudo marcados por el protestantismo social ("socialista cristiano", "Nueva Tierra", "reforma" o "Tiempos nuevos"). También es un "ogro de lectura", en palabras de Olivier Mongin, leyendo y comentando con increíble resistencia, a Hannah Arendt, Eric Weil, Karl Jaspers, Jan Patocka (uno de los tres portavoces de la Carta 77), sino también a Claude Lévi-Strauss y Mircea Eliade, las grandes obras de la literatura o el  "Gran Código" bíblico.

Esta multiplicación de lecturas añadida a las dificultades internas de la obra podría hacer a Ricoeur un tanto vulnerable a la crítica (los que lo hacen más lector que un inventor de conceptos originales, como los que limitarían su trabajo a una teología oculta, como si el religioso fuera el resorte oculto de un pensamiento que aún no ha sido cuidado para proclamar la autonomía de la filosofía sobre la religión).

Si el Ricoeur de 1950 es primero un fenomenólogo, el de 1960 está involucrado en las humanidades, especialmente en el psicoanálisis freudiano – lo que planteará muchos malentendidos con los Althusserianos y Lacanianos. Esta es una explicación del relativamente pequeño eco de la obra de Ricoeur en Francia, en una era dominada por el Sartrismo, el lacanismo o el estructuralismo. En la década de 1970, las preocupaciones filosóficas de Ricoeur son cada vez más anglosajonas.

Contribuyó a la distribución en Francia de la filosofía analítica americana, y pronto aparece como un precursor. Así él mantiene en este período de "conversaciones" con autores preferidos que se convierten en clásicos de hoy en Francia: confrontando al John Rawls (autor de la "Teoría de la Justicia" monumental), empató un tenso diálogo tanto con extrema atención, sino también con profundas reservas en torno al tema de la justicia social.

Frecuentando a Charles Taylor (filósofo multiculturalista de Quebec-Canadá, autor del famoso "Fuentes del Ser") se encuentra con su propia voluntad para el diálogo entre culturas. En base a Richard Walzer (y sus "esferas de justicia" fundamentales), anima a una salida del debate entre comunitarismo y liberalismo desde arriba. Baste decir que estas "conversaciones triangulares" son de gran actualidad.

Acompañando de lecturas plurales y de exigente filosofía, Ricoeur nunca se dio por el imperativo de la participación política. E incluso si lo prefiere, no el "compromiso" de Sartre, pero lo que llama la "desconexión", un distanciamiento de su propia vida, método intrínsecamente filosófico, nunca ha renunciado a intervenir en espacio público. Y es en esto, que también, puede ser un modelo que ha mantenido su distancia de las ideologías y filosofías del radicalismo sin comprometer la existencia política y el significado del Estado o de dejar de defender un "actuar razonable".


Así, el levantamiento húngaro y la represión soviética de 1956, evento en el "poder indefinido de choque" es el origen de su artículo capital "La paradoja política" (Espíritu, de mayo 1957). Participa en los acontecimientos de Argelia y protesta contra el uso de la tortura, se coloca en retiro en Sceaux. Sensible a la incomodidad de la universidad, se compromete a enseñar en Nanterre en 1966, y fue nombrado decano en 1969. Le era simpático el movimiento de mayo por el que sentía que era una oportunidad para reformar la universidad, sin embargo, él dejará Nanterre un año más tarde, después de un pequeño episodio que se hizo famoso (estudiantes maoístas le volcaron un cubo de basura en la cabeza, y en 1991 el autor de este "incidente" de largo silencio y lleno de remordimientos, vino a disculparse), sino, fundamentalmente, a causa de un doble movimiento que se opone al cinismo de un régimen que ha autorizado a la policía a entrar en las instalaciones de la universidad, y la politización extrema de los docentes en esos "años de polvo" post-68.

Aun cuando el desconfió gradualmente de los requerimientos de la vida pública, Ricoeur se mantendrá activo en muchos frentes: por abordar las cuestiones cruciales como la ecología o las cuestiones planteadas por la bioética, al involucrarse en los inicios del Instituto de Altos Estudios sobre Justicia y muchas revistas protestantes. El participará de nuevo a la cabeza de una de las primeras manifestaciones contra la guerra en Bosnia el 21 de noviembre 1992 en París y, más recientemente, en noviembre de 1995 aprobará la filosofía general de la reforma de la seguridad social.


Como Paul Ricoeur ha optado por situar la cuestión política en el seno de las paradojas que enfrenta. A continuación, parece que  su contribución sustancial esta en lo que respecta tanto a la filosofía política y la filosofía del derecho. El analiza en profundidad la doble autonomía de la política: desde la esfera ética y en relación con el ámbito económico (y es por esta razón, negándose a ver que la política no se limita a los derechos económicos, como los marxistas que están prohibidos de poder comprender el totalitarismo). Ricoeur ve que el "problema central de la política es la libertad" - y es por eso que, en un enfoque muy americano, sería rehabilitar la hermosa término "liberalismo político" anormalmente desacreditado, dijo, por su proximidad con el liberalismo económico. Conserva la idea de Hannah Arendt de una "voluntad de vivir juntos", capaz de detener el poder en el camino hacia el totalitarismo y, finalmente, se inscribe en una filiación menos optimista que la inaugurada por Rousseau: el no desear el bien y evitar el mal mayor.

Si los años 1960 y 1970 distanciaron a Ricoeur de los debates  franceses, hoy comprensiblemente, existe un renovado interés en su trabajo en un post-1989 período marcado por el resurgimiento de la filosofía política. Orientación que encaja perfectamente en la estructura ternaria de la ética de Ricoeur: autoestima, ansiedad, instituciones justas.


Sumado a esto, por supuesto, el eco creciente que despierta su filosofía moral. A diferencia de los pensamientos de sospecha, su trabajo hace posible abrir la oportunidad de reflexionar y actuar por sí mismo, o para decirlo en términos Ricoeuriennses, reanudando el magnífico título de una de sus obras más importantes, piensa "Se tú mismo como un otro."

Básicamente, esto es probablemente una de las claves para la profunda atracción de su obra. Mantenido al margen de la controversia, el filósofo protestante pudo basar su filosofía de respeto por los demás según su famosa regla de la reciprocidad: "No ejercer poder sobre los demás para que ningún poder se ejerza sobre uno. "Después de décadas de guerras intelectuales, violentas e ideológicamente muy francesas, Ricoeur, cuyo enfoque pleno de toda discreción y humildad siempre favorecó el escuchar, y la interminable atención a la posible asimetría en el diálogo para que el argumento del oponente todavía se respete, muestra una forma intelectual más generosa y tal vez más capaz de guiar "al hombre falible" a través del malestar de la modernidad.

No hay comentarios:

Publicar un comentario

Agradeceremos aportes constructivos.

Nota: solo los miembros de este blog pueden publicar comentarios.